Roland Garros 2018, l’une des plus grandes championnes de l’histoire du tennis, Serena Williams, débute le tournoi en visant une quatrième victoire. Mais elle suscite la polémique. A cause de son jeu ? Non, c’est sa tenue qui scandalise, jugée trop moulante. Un énième symptôme du sexisme dans le monde du sport. Sexisme aussi dénoncé depuis longtemps dans l’univers du recrutement. Préjugés, manque de représentativité…le sexisme dans le sport est-il le même que celui en entreprise ?
Des stéréotypes tenaces…
Tous les chercheurs sont unanimes, le sexisme n’est pas une notion naturelle (1). Aucun enfant ne naît avec des aprioris. La culture, l’inconscient collectif et la société influencent l’individu en lui soumettant des stéréotypes, que l’on retrouve dans les contextes de performance sportive et d’embauche.
“Les joueuses de l’équipe de France féminine gagnent 400 fois moins que Kylian MBappé”
En sport, outre l’affaire Serena Williams, on peut citer la médaille de la nageuse hongroise Katinka Hosszú, qui a d’abord été attribuée à son mari et entraîneur, à qui, selon certains médias, elle « devrait entièrement sa victoire ». Le club du FC Barcelone faisait polémique en juillet dernier, en faisant voyager ses joueurs et joueuses dans le même avion…mais les hommes en classe affaire et les femmes en classe économique. Dans le sport la différence la plus flagrante est celle des salaires. Celui des joueuses de l’équipe de France se situe aux alentours des 4000 euros par mois, soit 400 fois moins que ce que gagne Kylian MBappé (2).
Le sexisme à l’embauche semble, lui aussi, avoir malheureusement de beaux jours devant lui. Une étude montre que pour des emplois considérés comme masculins, une femme a 22% de chances en moins qu’un homme d’être convoquée à un entretien (3). Même si la discrimination sexiste est un délit passible de 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende, elle demeure difficile à prouver. Les témoignages sont nombreux mais les poursuites ne suivent pas. Côté rémunération, selon l’INSEE, la différence salariale entre homme et femme en France serait de 18.5% (4). Ouf, ça reste moins que dans le football…
Des progrès timides
Comme évoqué précédemment, les stéréotypes sont véhiculés par la société dans laquelle nous vivons. Les médias, en premier lieu, sont en ligne de mire. Des collectifs comme « Prenons la Une », se sont donné pour vocation de « devenir la vigie » d’éventuels dérapages sexistes dans les médias. Et les journalistes sportifs sont les premiers visés, notamment Pierre Menès, consultant football pour Canal Plus, véritable champion de la discipline.
En entreprise, la législation a imposé de nouvelles règles depuis le 1er janvier 2019 : obligation d’affichage du texte légal et mention dans le règlement intérieur, mise à disposition des numéros utiles (médecin du travail, défenseur des droits…), mais aussi nomination d’un référent harcèlement sexuel et agissements sexistes dans les entreprises de plus de 250 salariés. Le but : pouvoir identifier le plus vite possible des propos sexistes.
La nécessité d’une plus grande visibilité
Mais outre ces agressions exogènes, un « syndrome de l’imposteur » est souvent observée chez les femmes elles-mêmes, qui ne se sentent pas légitimes à leurs postes, ce qui brident leurs ambitions. En cause : un manque de modèles auxquels s’identifier. Dans un monde où tous les footballeurs ou CEO médiatisés sont des hommes, les femmes ont plus de mal à se projeter dans ces rôles…et leurs entourages à les y voir. Pas d’album Panini pour les footballeuses par exemple, qui donneraient aux jeunes filles l’envie d’imiter leurs idoles. Dans le monde de l’entreprise, pour des centaines de Steve Jobs ou Xavier Niels dont on nous rabâche les oreilles, combien dénombre-t-on de cheffes d’entreprises stars ?
Cependant, les lignes sont en train de bouger : la diffusion de la Coupe du Monde féminine de football en 2019 a beaucoup œuvré dans ce sens. Pour la première fois les bleues ont bénéficié d’une couverture médiatique équivalente à celle des hommes, et ont réuni en moyenne 3.5 millions de téléspectateurs devant leurs matchs. Un résultat plus de 4 fois supérieur à la version précédente (5). Dans les mois qui ont suivi, l’augmentation de licences de football féminine amateur a augmenté de 11%, preuve que l’existence de modèles médiatisées aident les jeunes filles à se lancer dans des postes autrefois réservés aux hommes.
Un coup de projecteur dont n’ont pas encore beaucoup bénéficié les femmes en entreprise. Même si, dans ce domaine aussi, on peut constater des signes encourageants. En 2018 une femme apparaissait (enfin) dans le top 10 des CEO les mieux payés : Safra Catz, dirigeante de la société Oracle. Notons également cette statistique savoureuse : certes peu nombreuses sur le poste de CEO, les femmes y ont enregistré en 2018 un salaire… supérieur à celui des hommes ! Des modèles qui inspireront certainement de nombreuses jeunes filles. Une chose est certaine, en sport ou en entreprise, notre société a besoin de nouvelles « héroïnes » sur le devant de la scène, qui susciteront les vocations, et feront taire les imbéciles.
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(1) Danielle Bousquet, présidente du Haut Conseil à l’Egalité
(2) Selon Une étude journal L’Equipe
(3) Selon une enquête de Fondation des femmes et de l’Observatoire des discriminations de la Sorbonne
(4) Chiffres fournis par l’observatoire des Inégalités
(5) Selon une étude du cabinet Cbnews